Entre le cadeau et la corruption

Comment préserver la pureté du gain et rester conforme à la loi d’Allah

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Louange à Allah, nous Le louons, nous Lui demandons aide et pardon. Nous nous réfugions auprès d’Allah contre le mal de nos âmes et les méfaits de nos actions. Quiconque Allah guide, nul ne peut l’égarer, et quiconque Il égare, nul ne peut le guider. J’atteste qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah, Seul, sans associé, et j’atteste que Muhammad est Son serviteur et Messager.

Allah le Très-Haut dit (traduction rapprochée) :

«Ô vous qui avez cru! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourrez qu’en pleine soumission (en étant Musulmans).»
(Coran, 3:102)

Ensuite, chers serviteurs d’Allah,
voici l’une des grandes questions dont le croyant doit absolument se préoccuper : la question du gain licite, de l’argent qui entre dans son foyer et de la subsistance qu’il acquiert. Chaque euro, chaque centime, doit être halal, car le revenu licite est le socle de la réussite en ce monde et dans l’au-delà.

C’est pourquoi, chers frères et sœurs, nous clarifions aujourd’hui un point précis, souvent méconnu de beaucoup : il s’agit de savoir discerner le cadeau (hadya) recommandé dans la religion d’Allah — un acte méritoire pour lequel le musulman est récompensé — de la « fausse » offrande qui n’est en réalité qu’un pot-de-vin déguisé, une forme de corruption prohibée. Comment faire la différence pour ne pas donner ni prendre une telle « pseudo-cadeau »?


1. L’importance du revenu licite

Le revenu licite est la base de la bénédiction pour le croyant. Cela lui garantit la tranquillité de l’âme, le secours et l’agrément d’Allah. Le Prophète (paix et salut sur lui) a dit :

«En vérité, Allah est Bon et n’accepte que ce qui est bon.»
(Rapporté par l’imam Muslim)

Lorsque nous examinons la vie des Compagnons et des pieux prédécesseurs, nous voyons combien ils étaient vigilants à propos de leurs sources de revenus : ils craignaient que le moindre soupçon de illicite (haram) ne prive leur argent de bénédiction.


2. Quand le cadeau est-il un acte vertueux?

En islam, le cadeau est un moyen remarquable de promouvoir l’amour et l’entraide. Le Prophète (paix et salut sur lui) a dit :

«Faites-vous mutuellement des cadeaux, et vous vous aimerez les uns les autres.»
(Rapporté dans Al-Adab Al-Mufrad d’Al-Bukhari, et d’autres recueils)

Cette recommandation prophétique a pour but de resserrer les liens entre frères et sœurs en religion, de créer l’harmonie. Or, pour qu’un cadeau soit réellement licite et méritoire, il doit répondre à deux conditions essentielles :

  • Être offert de bon gré : L’offrant doit donner l’objet ou l’argent spontanément, avec plaisir, sans exiger de contrepartie. Il ne doit pas attendre un remboursement intégral ou une somme précise.
  • Ne pas exiger une compensation équivalente : Il est permis à celui qui reçoit un cadeau de rendre la pareille par politesse ou gratitude, mais cela ne doit pas être imposé comme une dette tacite. Dans un hadith, il est dit :

«Celui à qui l’on fait un présent, qu’il le récompense s’il en a la possibilité; sinon qu’il exprime de la gratitude par des louanges. En vérité, s’il le remercie, c’est comme s’il lui avait rendu (le présent).»
(Abu Dawud et at-Tirmidhi, hadith jugé « bon et authentique »)

Ainsi, l’objectif principal d’un cadeau licite est d’exprimer l’amour, la fraternité et la générosité entre croyants. Ce n’est ni une transaction commerciale ni un prêt caché.


3. Quand le cadeau devient-il un pot-de-vin interdit?

La corruption ( رشوة ) est strictement proscrite en islam, car elle fausse la justice, viole l’équité et conduit aux injustices. Le Prophète (paix et salut sur lui) a maudit le corrupteur, le corrompu et l’intermédiaire entre eux.

Les signes révélateurs d’une « offrande-corruption » :

  • Absence de sincérité : L’argent est donné à contrecœur, accompagné de récriminations ou d’injures secrètes, pour acheter la faveur d’autrui plutôt que pour faire preuve de bienveillance.
  • Exister en contexte d’abus de fonction : Une somme ou un bien est remis à un employé, un responsable, un juge, etc., afin d’obtenir une faveur imméritée ou de faire pencher une décision en sa faveur, au détriment de la justice.

Le Prophète (paix et salut sur lui) a averti en particulier ceux qui occupent une position de confiance ou d’autorité :

«Les présents accordés aux agents (fonctionnaires) sont une forme de détournement (ghuloul).»
(Rapporté par l’imam Ahmad, n°23405 – hadith jugé « bon » par certains savants)

Il illustra clairement ce concept dans l’histoire de l’Agent (collecteur de zakat) d’Ibn al-Lutbiyya, rapportée dans Sahîh Al-Bukhârî (7174) et Sahîh Muslim (1832). Cet homme vint avec une partie des biens collectés et dit : «Voilà pour vous, et ceci m’a été offert en cadeau.» Le Prophète (paix et salut sur lui) répliqua (sens rapproché) : «Pourquoi ne reste-t-il pas dans la maison de son père et de sa mère pour voir s’il recevait des cadeaux ou non?»
Signifiant que ses prétendus «cadeaux» ne lui seraient pas parvenus sans sa position officielle.


4. Exemples de la vie courante

  1. Offrir un présent somptueux à son directeur :
    Dans l’intention d’obtenir une promotion ou un privilège sur d’autres employés. Cela se rapproche plus d’une forme de pot-de-vin que d’un cadeau sincère.
  2. Donner un « cadeau » à un responsable pour accélérer un dossier :
    Comme un fonctionnaire ou un décideur censé traiter la paperasse de façon équitable. Ce n’est alors qu’une corruption déguisée.
  3. Offrir de l’argent sous condition de retour équivalent :
    Par exemple, donner 100 euros lors d’un mariage et s’attendre à être remboursé du même montant, sous peine de rancune ou de reproche. Cette pratique n’est pas une aumône sincère, mais un échange imposé.

Conclusion & Invocation

Chers frères et sœurs, la vigilance concernant la licité de nos revenus et de nos échanges est un signe de foi sincère. Le revenu licite est source de baraka, tandis que le bien mêlé au doute ou à l’interdit mène à la privation de bénédiction. Le cadeau, lorsqu’il est donné dans le but de resserrer les liens fraternels et sans attente d’un profit mondain, est un acte noble. Mais lorsqu’il sert à soudoyer, à abuser d’une fonction ou d’une autorité, il glisse dangereusement vers la corruption.

Nous implorons Allah de nous accorder la compréhension de notre religion, de nous accorder un revenu licite et béni, de purifier nos actions et nos transactions de tout ce qui pourrait les entacher. Ô Allah, enseigne-nous ce qui nous est profitable, fais que nous profitions de ce que Tu nous as enseigné, et augmente-nous en science. Fais de nous des serviteurs pieux, sincères et équitables.

Et qu’Allah couvre de bénédictions et de paix notre Prophète Muhammad, ainsi que sa famille et tous ses compagnons.

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